Le droit à l'éducation vu par...
Josiane BIGOT, magistrate

Ce droit est fondamental et signe la lutte la plus efficace contre l'inégalité.

En France, il semble d'une telle évidence qu'il en est devenu une obligation et je crois que l'on pourrait oeuvrer contre l'absentéisme scolaire en présentant l'école comme un droit à s'instruire, et non comme un devoir : l'on retrouverait peut-être un plus grand engouement pour sa fréquentation. Je rêve de voir nos petits concitoyens déployer une banderole telle que je le l'ai vue en Afrique : "j'ai le droit d'aller à l'école".

La Convention internationale est extrêmement ambitieuse dans sa conception de l'éducation, puisqu'elle vise à l'épanouissement de la personnalité de l'enfant, au développement de ses dons et de ses aptitudes ; elle doit le préparer à assumer des responsabilités dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité et d'amitié.

L'on ne saurait par conséquent se contenter de transmettre des connaissances aux enfants mais tout un savoir vivre en société démocratique.

Ce droit ne peut être mis en oeuvre par les seuls enseignants (dont il convient d'assurer une formation pédagogique d'excellence) mais il est une convergence de toute la société adulte.

Il est aussi un outil efficace de prévention de la délinquance puisqu'il suffit de se pencher sur quelques biographies de délinquants pour être convaincu qu'ils sont restés à côté de l'éducation, à commencer par celle donnée par l'institution scolaire. Et pourtant, leur appétence est réelle pour peu que l'on adapte par des moyens personnalisés l'enseignement à certaines populations. Les jeunes placés en centre éducatif fermé et les détenus investissent fortement l'activité scolaire.

J'appelle à un grand débat de société sur la question de l'éducation, à restaurer et à revaloriser . Elle est devenue synonyme de laxisme lorsqu'il s'agit d'une réponse à la délinquance des mineurs alors qu'elle porte en elle la notion de contrainte : il est un devoir des adultes d'éduquer les enfants, et il leur appartient de les amener à y adhérer, en démontrant par l'exemple qu'elle permet une vie sociale épanouissante, respectueuse des différences entre les individus, et porteuse de l'espoir pour chacun d'évoluer.

Josiane BIGOT
Magistrate et présidente
de l'association Thémis